Idées d’activités

Cette rubrique contient des idées d’activités que les parents peuvent aisément mettre en oeuvre avec un enfant atteint de mutisme sélectif. Elles s’inspirent majoritairement de l’approche comportementaliste, une approche qui a fait ses preuves dans le traitement du trouble (Cohan, Shavira & Stein, 2006). Avant d’appliquer l’une ou l’autre de ces idées, il est important de garder en tête 3 principes essentiels :

1) L’absence de contraintes : un enfant atteint de MS ne doit jamais être mis sous pression (et encore moins contraint) pour qu’il parle. La pression ne fait que renforcer l’angoisse sous-jacente de l’enfant et donc lui rendre la tâche encore plus difficile, sinon impossible. Il convient de l’accompagner et d’encourager ses succès, mais sans avoir l’air d’attendre à tout prix un résultat.

2) La progressivité : tous les auteurs sont d’accord pour dire qu’apprendre à un enfant mutique à parler normalement est une tâche qui prend du temps, et qui ne se fait que par toutes petites étapes. La métaphore de l’escalier est utile ici : inutile d’espérer que l’enfant qui est au pied de l’escalier (qui ne parle qu’à quelques personnes) se retrouve d’un pas au sommet (à parler à tout le monde). L’idée est de lui faire gravir UNE marche, d’attendre qu’il se sente bien sur cette marche puis de s’attaquer à la suivante. Dow et al. (1995) proposent au moins quatre grands « paliers » à franchir : diminuer l’anxiété, augmenter la communication non verbale, augmenter les interactions sociales, et en dernier lieu seulement augmenter la communication verbale. Au sein même de la communication verbale, il est possible de subdiviser les objectifs en petites étapes plus accessibles comme (par exemple) remuer les lèvres sans émettre de son, parler à voix basse, puis parler de plus en plus fort.

3) L’attention portée aux caractéristiques individuelles de chaque enfant : un enfant mutique n’est pas l’autre. Dès lors, une technique qui marche dans un cas peut ne pas fonctionner dans un autre. Ainsi par exemple, si l’utilisation de montages vidéo donne souvent des résultats, elle se heurte parfois aussi au refus de certains enfants de s’enregistrer (Blum et al., 1998), ou à l’angoisse accrue que provoque chez d’autres enfants le fait de s’écouter (Powell & Dalley, 1995). Il est important d’observer le comportement de l’enfant face à l’activité proposée : si celle-ci semble augmenter son angoise, il ne faut pas hésiter à passer à autre chose.

Idées Générales :

Des Jouets pour encourager la paroles :
Le site Hoptoys.fr, dans sa rubrique « Voix et oralisation », propose un catalogue de jouets favorisant la production sonore ou la vocalisation : micros, enregistreurs, mégaphones, perroquet qui répète et déforme ce qu’il entend, objet qui change d’apparence en fonction de l’environnement sonore, une mine d’idées !
Le site www.jeprogresse.com propose aussi de nombreux jeux qui permettent à nos enfants de jouer tout en s’entrainant à prendre la parole, comme le jeu  « Devine ce que je mime ».
Le jeu « Le cirque de Lulu » peut aussi être un bon outil, surtout pour les plus jeunes. Un jeu d’observation qui demande simplement à l’enfant de prononcer « Vu Lulu! » pour gagner … http://www.trictrac.net

Les nouvelles technologies au service de la parole :
Le site Hoptoys.fr, dans sa rubrique « Voix et oralisation », propose un catalogue de jouets favorisant la production sonore ou la vocalisation : micros, enregistreurs, mégaphones, perroquet qui répète et déforme ce qu’il entend, objet qui change d’apparence en fonction de l’environnement sonore, une mine d’idées ! Source : http://www.geocities.com/selectivemutismhelp/therapy.html
Pour les plus jeunes, les nouveaux smartphones proposent aussi des applications de types « jeux sonores » comme « Talking Friends ». L’enfant s’enregistre est fait parler un oiseau, un chien ou un chat avec une drôle de voix. D’autres applications du type « studios d’enregistrement » comme Songify, plairont aussi aux plus grands.

L’échelle des peurs :
Le système de l’échelle des peurs peut être utilisé en parallèle de celui des récompenses. Il s’agit, avec l’enfant, d’établir une hiérarchie de situations angoissantes, depuis la moins anxiogène (« un tout petit peu difficile ») jusqu’à la plus difficile à affronter. L’échelle peut ensuite être matérialisée (feuille, tableau, etc.) afin de mieux visualiser les progrès. On aidera ensuite l’enfant à affronter ses peurs dans l’ordre, en ne manquant pas d’indiquer et de récompenser chaque étape franchie.

Mon héros :
aurait réagi Batman (Superman, Spiderman, Peter Pan, etc.) dans une telle situation ? Le héros préféré de votre enfant peut l’aider, en servant de modèle, à affronter certaines peurs. Il s’agit dans un premier temps d’identifier le héros qu’il préfère (ce qui ne devrait pas être trop difficile), puis de l’habituer à se demander comment celui-ci réagirait devant une situation angoissante. Et pourquoi pas matérialiser cette « aide » par une figurine ou une carte, que l’on peut sortir de sa poche et toucher/regarder/serrer pour se donner du courage ?

Récompenses, gommettes, autocollants :
Le système dit d' »économie de jetons » (Ayllon & Azrin, 1968; Ayllon, 1999) est souvent utilisé avec les enfants mutiques (Jackson et al., 2005) et peut être couplé à la plupart des autres activités proposées. L’idée est d’encourager l’enfant dans ses efforts en récompensant régulièrement les comportements à favoriser. Pour ne pas devoir offrir un cadeau à l’enfant à chaque micro-étape (ce qui risque de dévaloriser les cadeaux), on distribue dans un premier temps des « points » (jetons). Un certain nombre de points rapporte un cadeau. L’enfant choisit lui-même les cadeaux qu’il souhaiterait recevoir (un jouet, une visite à un parc d’attraction, …) et l’on convient avec lui de combien de jetons sont nécessaires pour qu’il obtienne le cadeau, ainsi que des comportements précis qui lui vaudront d’être récompensé.
Les jetons seront par exemple matérialisés par des autocollants, que l’on pourra coller sur un tableau ou dans un carnet.
Références :
Ayllon, T. & Azrin, N. (1968). The token economy : A motivational system for therapy and rehabilitation. New York : Appleton.
Ayllon, T. (1999). How to use token economy and point systems. Austin, Texas : Pro-Ed.
Jackson, M. F., Allen, R. S., Boothe, A. B., Nava, M. L., & Coates, A. (2005). Innovative Analyses and Interventions in the Treatment of Selective Mutism. Clinical Case Studies, 4(1), 81 – 112.

Vie sociale

– Votre propre vie sociale :
Comme expliqué dans la rubrique « Parlez aux étrangers! », l’exemple donné aux enfants est important. Vivez-vous, comme parents, plutôt repliés sur vous-mêmes ? Si oui, essayez d’inviter davantage d’amis chez vous (ce qui, en vertu des usages, vous permettra aussi de sortir plus souvent chez d’autres). Votre enfant rencontrera ainsi plus de visages adultes … et se familiarisera avec l’idée de voir des étrangers entrer à la maison.

– Parlez aux etrangers : 
Inutile, pour les parents, de culpabiliser et de se demander ce que l’on a mal fait : le mutisme a vraisemblablement des causes biologiques et/ou génétiques. Cela n’empêche pas de nous interroger sur notre fonctionnement quotidien et de veiller à ne pas donner de mauvais exemples. Si vous ne parlez jamais aux étrangers, ou si vous ne parlez qu’à voix basse en présence d’autrui (dans un magasin par exemple), l’enfant peut intérioriser le modèle proposé. Observez votre propre comportement et essayez de donner l’exemple : dites un mot à la caissière, au joueur de guitare, etc.

Invitez ! Invitez !
Si votre enfant est mutique, il court le risque d’être socialement isolé. Avec son accord, mettez en place un programme pour inviter autant que possible d’autres enfants à la maison, en particulier des camarades de classe. Invitez-les un par un, au moins au début, de façon à faciliter le contact. Comme d’habitude, ne visez pas la parole et ne fixez pas d’enjeu de ce côté : l’important est que l’enfant s’amuse, se socialise et se fasse des amis, même s’il reste silencieux au début. Le fait d’avoir des contacts plus individuels avec d’autres enfants réduira son anxiété au sein du groupe, le protégera de l’isolement voire des brimades, et lui permettra de développer ses compétences sociales.

Communication non-verbale

Cette liste contient des idées d’activités qui ne requièrent pas que l’enfant produise de sons.

Le jeu du « Pas comme ça idiot ! » :
Une excellente idée d’activité lue sur un forum anglais. Il s’agit d’une des activités qui peut être utilisée quand l’enfant semble sur le point de parler à un adulte donné mais qu’il n’a pas encore franchi le pas. L’adulte propose à l’enfant de lui montrer comment effectuer une tâche quelconque (colorier un dessin selon certaines règles, construire quelque chose, faire un puzzle, peu importe les détails pourvu qu’il y ait une procédure à suivre) ou mieux encore, entreprend d’imiter ce que l’enfant est en train de faire. L’adulte, cependant, fait le clown : il exécute toutes les instructions de travers… et durant le jeu, ne parle pas, ne s’exprimant que par mimiques. L’enfant rira normalement des maladresses de l’adulte… et s’il est suffisamment à l’aise, si le bon moment est venu, pourra laisser échapper l’un ou l’autre mot comme « non » (pour rappel, si tel est le cas, ne jamais s’arrêter sur cet « exploit » et continuer le jeu comme si de rien n’était, sous peine de mettre fin à la spontanéitié de l’enfant).

Des cartes pour communiquer :
Le fait que les enfants mutiques ne parlent pas à l’école peut poser des problèmes annexes. Ainsi par exemple, un enfant mutique qui souhaite aller à la toilette n’ose souvent pas le demander. Il lui sera également difficile de se plaindre d’une douleur ou d’un état fébrile. Pour aider l’enfant, il est possible de mettre en place, avec l’enseignant, un système de cartes, ornées de mots, de dessins ou de symboles, que l’enfant peut tendre pour demander quelque chose. Il ne s’agit pas ici de se résigner à jamais à la communication non verbale, mais simplement de permettre à l’enfant de satisfaire certains besoins fondamentaux et d’éviter de lui rendre la vie encore plus difficile. Variante : plutôt qu’un système de cartes, on peut également utiliser un petit tableau reprenant sur une seule surface l’ensemble des symboles/dessins utiles.

Serrer la main :
Votre enfant refuse (bien sûr, puisqu’il ou elle est mutique) de dire bonjour et se tient immobile près de vous lorsque vous rencontrez quelqu’un ? Suggérez-lui de dire bonjour en tendant la main, une forme de salutation qu’il ou elle trouvera peut-être acceptable. On hésite parfois à encourager la communication non verbale de peur qu’elle renforce le mutisme, mais elle est souvent un passage obligé vers la verbalisation. Lorsque votre enfant sera à l’aise avec ce comportement, vous pourrez lui suggérer de serrer la main en hochant la tête, ou encore en faisant « bonjour » avec les lèvres.

Dessins collaboratifs :
Les enfants adorant souvent dessiner, voici une activité qui peut être utilisée avec un adulte avec qui il ou elle ne parle pas pour briser la glace et nouer la relation, sans pression aucune sur l’enfant pour qu’il parle. L’adulte et l’enfant se placent côte à côte devant une feuille de papier, avec un choix de crayons, pastels, marqueurs, etc. L’adulte trace un ou plusieurs traits sur la feuille (autant qu’il le souhaite). Lorsqu’il est satisfait de son « tour », il passe la main à l’enfant qui ajoute ce qu’il souhaite au dessin, avant de repasser la main à l’adulte, et ainsi de suite. Le jeu s’arrête lorsque les deux participants décident de commun accord que leur dessin commun est « terminé ».

Communication infra-verbale

Cette liste contient des idées d’activités qui requièrent que l’enfant produise des sons, mais pas encore des mots.

– Jouer au pendu sur ordinateur :
D’après Michael Jones, notre invité d’honneur à l’Assemblée générale 2009, il y a une série de raisons d’utiliser l’ordinateur comme médium pour faciliter la parole à l’école. Télécharger la fiche

 – Balle et son :
Un petit jeu simple auquel l’enfant peut jouer avec quelqu’un à qui il ne parle pas. Celui ou celle qui lance la balle doit produire un son quelconque. L’autre réceptionne, puis lance en émettant un son à son tour. Si l’enfant n’y arrive pas tout de suite, on peut commencer par lui suggérer de souffler (par le nez ou la bouche) de manière audible.

Dessin et son :
Une variante de ‘balle et son’, autout d’un dessin. L’un dessine tandis que l’autre « anime » le crayon en émettant des bruits. Si le bruit s’arrête, le crayon s’arrête. On peut ensuite complexifier le jeu en exigeant des bruits toujours différents.

Jeu de mimes et de bruitages :
Certains jeux de société proposent aux participants de faire deviner aux autres joueurs des mots en mimant et/ou en produisant des bruitages (par exemple Pouet ! Pouet ! , un jeu Djeco). Un tel jeu peut aisément être exploité pour aider un enfant mutique à s’exprimer et à communiquer devant des tiers.

Découper en syllabes :
Si votre enfant ne peut pas dire « Bonjour », pourra-t-il dire « B… » ? Si oui, pourra-t-il dire « Bon… » ? Une autre variante de la méthode appelée « shaping », et visant à approcher du comportement attendu par approximations successives.

Langage imaginaire :
Si votre enfant refuse encore de parler français avec un adulte relativement familier, acceptera-t-il, pour jouer, de parler une langue imaginaire ? Si oui, c’est un pas de plus franchi entre la communication non verbale et la conversation normale !

Voici aussi un tuyau envoyé par Marianne:
“J’ai trouvé un nouvel exercice : j’ai téléchargé des sons gratuits sur internet (banque de sons) que j’ai ensuite mis dans mon téléphone pour jouer à « devine ce qu’est ce son ». Il y a des animaux, mais aussi des bruits de la nature (vent, mer, pluie, orage), des bruits de la vie quotidienne (cloche, téléphone, klaxon, …), des bruits faits pas les hommes (applaudissements, éternuement, …), des instruments….
ça peut servir, voici l’adresse du site : http://www.universal-soundbank.com/
Si le son est trop court, mettre en boucle.
On peut aussi imiter le son, avant de dire ce que c’est, selon l’aisance de l’enfant.”

Communication verbale :

Cette liste contient des idées d’activités qui requièrent que l’enfant produise des mots.

Le marchand de glaces :
Cette idée d’activité, proposée par Sourire deau, peut être utilisée lorsque l’enfant commence à parler à de nouvelles personnes, au moins en dehors de l’école. Il s’agit alors de lui donner des occasions de généraliser ses progrès à d’autres interlocuteurs / circonstances et à l’aider à développer sa confiance. Voici l’activité telle qu’essayée et proposée par Sourire deau : « Voilà un petit exercice ludique qui a fonctionné sur mon fils voici quelques temps.Tout le monde reconnait le marchand de glace à sa petite musique quand il passe dans le quartier. C’est un appel souvent irrésistible pour les enfants. Alors, il suffit de prétexter une impossibilité d’accompagner l’enfant mais en lui permettant cependant d’aller chercher son cornet à la camionette muni de 5€. Chez mon fils, l’envie d’une bonne glace a occulté son mutisme pour les quelques secondes où il faut décrire son souhait de parfum. De plus, il est entraîné dans le tourbillon d’enfants qui, eux aussi, attendent fébrilement, c’est donc un peu faire comme tout le monde avec une récompense personnelle à la clef. » Les habiletés que cela requiert : Dire bonjour, énoncer son souhait, payer et compter sa monnaie, dire merci et au revoir. » Comme toujours, ne pas insister si l’enfant ne veut pas et ne pas s’appesantir s’il n’arrive pas à parler – mais passer à autre chose et réessayer éventuellement à un moment plus opportun.

Enregistrements audio et vidéo :
Beaucoup d’enfants mutiques sont pénalisés à l’école dès lors que l’activité exige de prendre la parole en public, par exemple pour lire, réciter un poème, etc. Pour permettre à l’enfant de « faire son devoir » malgré tout, il est possible de l’enregistrer à la maison et de faire ensuite écouter la cassette au reste de la classe (pour autant que l’enfant accepte de s’enregistrer et de s’écouter, voir A propos des idées d’activités pour les contre-indications éventuelles). Outre l’avantage de permettre à l’enfant de faire « presque comme les autres », l’enregistrement peut avoir un effet bénéfique dans la mesure où il le familiarise avec le son de sa voix en classe et avec la réaction des autres à cette voix (il peut voir qu’il ne se passe rien de grave quand on l’écoute).

Les courses :
Si vous allez au supermarché, amenez votre enfant faire les courses. Beaucoup d’enfants mutiques ne restent silencieux que quand ils se sentent directement observés; l’anonymat des foules les inquiète moins. Mettez cela à profit pour lui parler normalement au milieu des rayons, voire l’interpeler à quelques mètres pour lui demander s’il voit tel ou tel produit. C’est aussi l’occasion de lui proposer de tendre un objet ou la monnaie à la caissière, si il ou elle s’en sent capable (sinon n’insistez pas et reproposez-le la fois suivante).

Maman et Papa à l’école :
On le sait, l’école est un lieu particulièrement anxiogène pour les enfants mutiques, au point qu’ils prennent l’habitude de s’y taire plus ou moins complètement. Quand ces mêmes enfants parlent, c’est le plus souvent à Papa et Maman… en dehors de l’école. Avec le soutien de l’école, il est possible de demander des plages régulières pendant lesquelles Papa et/ou Maman peuvent venir jouer dans la classe, seuls avec l’enfant. Le but est (toujours sans forcer aucunement la verbalisation bien sûr) d’amener l’enfant à briser cette association « école=silence » et de l’habituer à entendre le son de sa propre voix dans la classe.

Jeu de dés :
Cette activité peut être menée avec n’importe quel jeu de plateau qui utilise des dés. Il suffit de modifier très légèrement la règle : le pion n’avance que si on prononce le résultat à voix haute (il faut évidemment que l’enfant soit en mesure de le déchiffrer). Il est préférable d’initier le jeu avec des adultes auxquels l’enfant parle (les parents par exemple). Après x parties, un autre adulte devant lequel l’enfant ne parle pas peut être introduit dans le jeu (si possible dans le feu de l’action!). Si cela ne fonctionne pas, l’adulte « étranger » peut se tenir à distance suffisante de la table de jeu pour que l’enfant accepte à nouveau de parler; on réduit alors très progressivement cette distance.